«Si on ne fait rien, l’élevage va disparaître de nos régions»

Les éleveurs mécontents s’en sont pris à la grande distribution dans la nuit du dimanche 21 au lundi 22 juin dans le grand Ouest, versant des tonnes de déchets devant les accès de nombreux centres commerciaux afin d’exiger l’augmentation du prix d’achat de leurs produits.

L’opération, prise à l’initiative des Jeunes agriculteurs (JA), touche la Normandie, la Bretagne et les Pays de la Loire, a dit à l’AFP David Bourdin, président des JA de la Sarthe.

Près d’une cinquantaine de grandes surfaces devaient être visées pendant la nuit dans ce seul département, a-t-il précisé. Selon lui, près de 200 enseignes soient pourraient être «visitées» dans l’ensemble des Pays de la Loire, et jusqu’à 700 dans le grand Ouest.

Selon la préfecture de Bretagne, qui a compétence sur la zone Ouest, ces mouvements de protestation regroupant des producteurs porcins, bovins et laitiers, qui n’ont entraîné aucun dégât, se sont soldés principalement par des «entraves à la circulation», avec au total 192 sites visés, selon un bilan réalisé lundi matin.

74 actions ont été répertoriées dans les Pays de la Loire, principalement en Sarthe (30 actions) et en Vendée (28 actions), ou encore 47 en Bretagne, majoritairement en Ille-et-Vilaine (30 actions).

En Normandie, une cinquantaine de sites ont été pris pour cible en Basse-Normandie, et 21 en Haute-Normandie. Dont le Leclerc de Bapeaume, en périphérie de Rouen. La semaine passée, les agriculuteurs de la Seine-Maritime avaient mené des actions similaires. Notamment dans la zone commerciale de Barentin.

«La situation est catastrophique dans le grand Ouest. Ca fait des mois qu’on vend à perte», a-t-il déclaré, dénonçant «la pression de la grande distribution» sur les prix versés aux producteurs, particulièrement pour le lait, le porc et le boeuf.

«Dans le lait, certains producteurs vendent leur litre à 26 centimes alors que le prix de revient atteint au moins 34 centimes», a ajouté M. Bourdin.

A Châteaubourg (Ille-et-Vilaine), une commune située à une vingtaine de kilomètres à l’est de Rennes, les agriculteurs ont déversé huit remorques de débris en tout genre — pneus, palettes, gravats, fumier — devant l’accès des livraisons d’un supermarché Leader Price, avant d’interdire l’accès au parking, sous l’oeil des gendarmes.

«Partagez vos marges pour sauver l’élevage», ont écrit les manifestants à la peinture rouge à l’entrée du parking.

Quatre autres bennes ont été vidées devant un magasin Super U.

Dans l’agglomération de Caen, des hypermarchés Carrefour et Leclerc ont également été visés, a constaté un photographe de l’AFP.

«Si on ne fait rien, l’élevage va disparaître de nos régions», a dit un manifestant à Châteaubourg. «On arrive à un stade où l’agriculteur n’arrive plus à vivre de son métier.»

Selon lui, les enseignes de la grande distribution se battent entre elles pour pratiquer les prix les plus bas possibles, mais cette guerre risque de faire disparaître les éleveurs et de se retourner contre les distributeurs qui ne trouveront plus de fournisseurs locaux.

Les éleveurs s’en sont pris ponctuellement aux grandes surfaces ces dernières semaines dans le grand Ouest mais c’est la première fois qu’ils agissent simultanément dans l’ensemble de la région.

«C’est le plus fort mouvement de colère depuis une dizaine d’années», a dit l’agriculteur de Châteaubourg.

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