Eradiquer le diesel d’ici 2020, réviser la directive « qualité de l’air » et doubler l’utilisation du vélo ces dix prochaines années font partie des sujets mis sur la table par l’eurodéputée écologiste Karima Delli, dans un rapport discuté à Bruxelles le 28 mai. Les mesures, comme leur financement, suscitent la discorde.
A l’heure où les capitales ont les yeux rivés sur les négociations climatiques, en vue d’arracher un accord à Paris à la fin de l’année, les dégâts provoqués par les transports font figure de priorité oubliée. Pourtant, « ils représentent à eux seuls 25 % des émissions de CO2 », déplore l’eurodéputée écologiste Karima Delli, auteure d’un rapport sur la mobilité urbaine, discuté à Bruxelles le 28 mai. Dans une telle configuration, comment espérer pouvoir réduire de 40% les émissions de CO2 d’ici à 2030, sans inclure les transports dans les secteurs à réformer ?
Les villes au coeur des politiques de transports
Le rapport propose donc l’adoption à l’échelle européenne d’un « paquet législatif transport et climat », afin de fixer des objectifs contraignants dans les politiques de transports. Dans ce débat, les collectivités locales sont en première ligne. « L’organisation des transports restera une responsabilité clé des pouvoirs locaux », rappelle une représentante de la Commission européenne, devant la commission Transports du Parlement européen. Dans les agglomérations urbaines, les particules fines sont tenues responsables de 100.000 décès prématurés par an en Europe. Pour les eurodéputés, il devient donc urgent que la Commission européenne révise la directive « qualité de l’air ».
La mise en place de plans de mobilité électrique permettrait de réduire l’usage massif d’énergies fossiles et de « concilier la voiture avec des moyens de transports plus doux », ajoute Karima Delli. Doubler l’offre des transports publics d’ici à 2030, éradiquer le diesel d’ici 2020 et les véhicules à essence en 2050, élaborer un plan européen de relance du fret (tramways de fret, vélos ou péniches cargo) et réduire la vitesse en ville à 30km/h, font partie des propositions de l’eurodéputé écologiste.
Si les députés de la commission Transports du Parlement européen s’entendent sur l’urgence climatique, leurs avis divergent sur la façon d’y parvenir. « On ne peut pas généraliser la limitation de vitesse, il faut des politiques sur mesure », insiste le député néerlandais Matthijs van Miltenburg (ADLE).
Pas de consensus sur le financement des projets
Le coût de ces mesures fait lui aussi débat. Le rapport propose différentes pistes de financement. Les villes dotées de péages urbains pourraient ainsi « allouer 75% » des recettes générées à des projets de transport plus écologique. Au total, 20% des ressources européennes dédiées aux transports (fonds structurels, Plan Juncker, etc. ) devraient être affectés à la mobilité urbaine durable. « Le mécanisme pour l’interconnexion en Europe est déjà fortement diminué, il devrait être utilisé uniquement pour les grands projets », objecte Matthijs van Miltenburg.
Le débat que suscite la mise en oeuvre de ces politiques n’est pas sans rappeler celui dont fait l’objet le projet loi Royal sur la transition énergétique, où l’accent mis sur le développement de véhicules électriques en ville se fait au détriment d’une politique plus globale de transports publics non polluants.
Quant au rapport de Karima Delli, son adoption n’est pas envisagée avant le mois de septembre.
Marie-Lou Azaïs / Contexte.com
(Source)