Nombreux l’attendaient avec impatience, le projet de filtrage des océans initié par Boyan Slat à tout juste 18 ans sera bientôt d’application. Son rêve, pouvoir se débarrasser de ces fameuses îles de plastiques qui s’accumulent dans les mers et les océans du monde. Le jeune homme ne serait plus très loin de mettre en pratique un premier prototype au large…
Vous l’ignorez peut-être encore, mais il existe 5 grandes « îles » de plastique dans les océans du monde. Ces nappes sont constituées de détritus, principalement de dérivés pétroliers, émis par l’activité humaine. Et il ne s’agit là que de ce qui est visible. Nombreuses sont les particules invisibles à l’œil nu qui se faufilent dans les plus petits organismes jusqu’au plus grands prédateurs.
Boyan Slat, jeune écologiste hollandais, avait lancé son projet en 2014 grâce à une plateforme de financement participatif. En quelques semaines il aura récolté près de deux millions d’euros. Respectueux des dons réalisés par plus de 38.000 donateurs anonymes et récompensé par de nombreux prix, il n’a pas trainé pour lancer concrètement les travaux de sa machine dont la mission sera de recueillir les millions de tonnes de plastique qui polluent les océans de la planète.
En pratique, sa machine consiste en un entonnoir géant, placé en surface de l’eau, qui piègerait « naturellement » les plastiques grâce aux courants marins. Une invention qui apparaitrait relativement peu couteuse et efficace selon la théorie. De plus, le système est étudié pour ne pas gêner les écosystèmes marins.
« Prendre soins du problème des détritus des océans du monde est un des plus grands challenges environnementaux auxquels l’humanité doit faire face aujourd’hui. Non seulement ce premier test de nettoyage va contribuer à une eau et des rivages plus propres, mais c’est simultanément une étape essentielle vers notre but d’assainir la grande île de détritus du Pacifique. Ce déploiement va nous permettre d’étudier l’efficacité du système et sa durabilité dans le temps. » explique Boyan Slat sur son site internet.
Ainsi, le jeune activiste nous apprend que ce premier déploiement de son invention sera avant tout un test de faisabilité grandeur nature. La station d’épuration sera déployée courant 2016 au large des côtes de Tsushima, une île située entre le Japon et la Corée du Sud. Le système s’étendra sur deux kilomètres, devenant la plus grande structure flottante au monde. Par ailleurs, les autorités de l’île évalue la possibilité de reconvertir le plastique récupéré pour lui donner une fonction utilitaire. Le concepteur estime, peut-être de manière optimiste, que 100 kilomètres de son système placés stratégiquement suffiraient à filtrer 42% du plastique des océans en dix ans.
Si le concept apparait infiniment positif, les experts mettent en garde contre l’angélisme. Nettoyer les océans sans couper la source du problème reviendrait à placer un cataplasme sur une jambe de bois. Le laboratoire eau environnement et systèmes urbains (LEESU) avait nottamment mis en garde sur les limites du système sans action politique en amont. L’Europe rejette plusieurs millions de déchets plastiques dans l’environnement chaque année. Le système actuel de Boyan Slat propose d’en filtrer une centaine de tonnes. C’est louable, mais largement insuffisant sans action collective forte en faveur d’une profonde transformation de nos modes de production.