Extrait d’un article du journal Le Monde sur la culture à Grenoble :
« Il y a un an, le « coup d’Etat citoyen » qui a détrôné le socialiste Michel Destot et ses presque vingt années de mandat portait l’écologiste Eric Piolle et son équipe à la tête de Grenoble. Depuis, le projet culturel porté par l’adjointe « aux cultures » Corinne Bernard peine à convaincre. Et « un an sans projet, c’est long », soupire une intermittente accrochée à son talkie-walkie.
Dans les méandres du budget
La nouvelle adjointe, également élue au conseil régional, a pourtant commencé fort, en annonçant en décembre 2014 la suppression de la totalité de la subvention jusque-là accordée à l’ensemble musical des Musiciens du Louvre dirigé par le chef d’orchestre Marc Minkowski – soit 438 000 euros. Le symbole frappe, on l’accuse de procéder à des choix partisans. Mais pour Corinne Bernard, sa décision est purement d’ordre budgétaire, afin de préserver la diversité culturelle. « Nous préférons faire émerger et accompagner dix Minkowski que d’en acheter qu’un seul », répète–t-elle. Et elle insiste : « La question n’est pas de favoriser le ‘populaire’, mais de favoriser plus de projets, afin d’assurer la mission de l’éducation artistique. »
L’idée qui sous-tend son projet est le réinvestissement de l’espace public, dans la lignée du slogan de campagne d’Eric Piolle : « Une ville pour tous. » « Il faut multiplier les petites animations quotidiennes et partout pour que les gens soient en contact avec la culture au moins une fois par jour », assure Olivier Bertrand, le conseil municipal délégué aux animations qui épaule Corinne Bernard. Les deux élus veulent une culture pensée sur le modèle participatif. C’est pourquoi ils accueillent aujourd’hui à leur côté au sein du comité d’attribution des subventions des membres de l’opposition, des professionnels de la culture et de l’information, ainsi que quatre Grenoblois tirés au sort sur la base du volontariat. Si le projet est séduisant, il reste la dure réalité budgétaire…
Sur les quatre dernières années, Grenoble a perdu quelque 40 millions d’euros de dotation de fonctionnement de la part de l’Etat. En 2015, la perte s’élève à près de sept millions d’euros.