Ferme des Mille vaches : décision de la cour d’appel le 16 septembre

«Respecter tout être vivant, est-ce un devoir moral ? » Le sujet du bac de philo littéraire aurait presque pu contribuer à l’audience de la cour d’appel d’Amiens, hier, chargée de réexaminer le dossier des neuf militants condamnés en octobre dernier pour leur opposition « active » à la ferme controversée des Mille vaches, près d’Abbeville dans la Somme (lire notre édition d’hier). Moralité contre loi des marchés, bien-être animal contre agrobusiness… Ce nouveau procès, en effet, a de nouveau largement dépassé le strict cadre des faits jugés en première instance (une opération de « démontage » des installations en mai dernier), pour permettre à l’agriculteur seinomarin Olivier Lainé et ses huit camarades de se poser en lanceurs d’alerte et d’exiger la relaxe, face à un modèle agricole en pleine « dérive ».

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Rarer brown fresian cow

Un bref rappel des faits et le témoignage de Marie-Claude, mère d’un des agriculteurs accusés :

6 agriculteurs ont été condamnés le 28 octobre 2014 pour avoir démonté, dévissé et débranché une partie des installations de la « Ferme (plutôt usine) des 1000 vaches ».

Les agriculteurs tous condamnés ont fait appel et le procès [s’est tenu] le 17 juin.

Je suis Marie-Claude. Parmi ces agriculteurs se trouve mon fils qui travaille tous les jours pour nous nourrir. Je sais que ce n’est pas par plaisir que des agriculteurs ont pris de leur temps pour agir, mais pour nous alerter sur les changements liées à l’industrialisation de l’agriculture.

En effet les fermes usines modifient et bouleversent notre équilibre en matière de santé,de travail, de condition animale et d’environnement :

  • notre santé et notre nourriture : L’industrialisation de notre agriculture impacte nos aliments quotidiens, sans compter les conséquences sur l’eau, l’air et les sols. Les risques vétérinaires liés à la concentration des animaux sur de faibles surfaces et l’utilisation de médicaments pour y faire face se retrouveront dans notre assiette et dans le lait ;
  • nos emplois : La Ferme des 1000 vaches est un bon exemple de la mise en danger des emplois locaux car sa création va de pair avec l’élimination de 20 fermes de 50 vaches qui maintenaient l’activité économique et sociale de 20 villages et qui entretenaient le cadre de vie ; dans notre Canton, nos agriculteurs sont dynamiques et mettent en œuvre chaque jour leur faculté d’adaptation à nos évolutions : la multiplication des ventes directes et des AMAP en témoignent et les soutiens des collectivités publiques (région Rhône Alpes) à l’agriruralité a été mise en place ; la récente loi sur l’Agriculture favorise également ce développement  d’une agriculture variée !
  • la détérioration des conditions d’élevage des animaux est inévitable (les bêtes sont enfermées 365 jours par an), après les légumes hors-sols, les animaux hors-sols ;

Souhaitons nous confier à quelques uns – les industriels – le soin de nous nourrir et de protéger notre environnement ?

« Il n’y a pas de raison de douter que […] nous soyons capables à présent de détruire toute vie organique sur terre. La seule question est de savoir si nous souhaitons employer dans ce sens nos nouvelles connaissances scientifiques et techniques, et l’on ne saurait en décider par des méthodes scientifiques. C’est une question politique primordiale que l’on ne peut guère, par conséquent, abandonner aux professionnels de la science ni à ceux de la politique. » Hanna Arendt

C’est dans ce contexte qu’avec Laura Devin nous demandons à nos élus et autorités publiques d’être prudents lorsque des décisions autorisant les projets de Ferme Usine qui modifient radicalement nos conditions de vie sont prises.

Les citoyens doivent être saisis et se prononcer directement sur ces projets industriels.

Pour tout projet de Ferme Usine dans notre département et notre région, nous demandons aux autorités et représentants que soit organisée une consultation citoyenne par voie de référendum local et apportons notre soutien, par la présente demande, à nos agriculteurs qui ont agi et pris des risques pour nous alerter.

Marie-Claude Bonnamour, Laura Devin,

Citoyennes et élues d’Archamps

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