La récente signature des Etats-Unis et de la Chine en faveur de l’accord de Paris sur le climat est un puissant signal envoyé au monde entier. Mais localement et en plein contresens historique, le conseil municipal du Havre vient de critiquer vivement la volonté du gouvernement d’avancer la fermeture programmée des dernières centrales à charbons de France. Seuls les écologistes défendent une alternative au large front productiviste – FN, LR, UDI, PS, PCF et PG – qui appellent à l’union sacrée pour défendre les énergies sales.
Tout d’abord, nous tenons utile de rappeler quelques évidences : le charbon est le combustible le plus polluant de toutes les énergies fossiles. Selon l’Agence internationale de l’énergie, sa combustion génère à elle-seule 44% des émissions mondiales de CO2. En Europe, 23 000 décès par an sont imputables aux pollutions entraînés par l’exploitation du charbon, tandis que son impact sanitaire et économique est évalué à 62,3 milliards d’euros. En 2013, 11 800 nouveaux cas de bronchite chronique et 21 000 admissions à l’hôpital furent directement liés aux pollutions des centrales à charbon sur le continent.
Nous le savons tous, le Havre est particulièrement touché par ce fléau industriel. Combien de petits havrais malades, d’anciens en souffrance, de personnes fragiles hospitalisées ? Ces vies abimées valent pourtant mieux qu’une poignée d’euros et de CO2. Elus de la République, nous croyons que l’intérêt général doit primer sur les intérêts privés. La protection de la santé publique et la lutte contre le réchauffement climatique ne peuvent être sacrifiés plus longtemps sur l’autel des énergies sales.
Oui, l’avancement de la fermeture programmée des quatre dernières centrales à charbon de France est une bonne nouvelle pour les poumons de nos enfants.
Mais l’Etat français manque singulièrement de cohérence, dépensant encore absurdement 2,5 milliards d’euros entre 2007 et 2015 pour soutenir cette archéo-industrie. De l’argent public littéralement parti en fumée ! Plus grave, EDF qui est une multinationale majeure de l’énergie, continue de développer activement l’industrie charbonnière à travers le monde. Cette stratégie contribue à enfermer les pays hôtes dans des trajectoires hautement carbonées. Détenue à 84% par l’Etat français, nous déplorons l’hypocrisie et la responsabilité première du gouvernement sur cette entreprise. La France doit cesser de polluer allègrement à l’étranger via ses entreprises à capital public.
Les solutions d’avenir, pour la planète et pour notre territoire, passent par la mise en œuvre volontaire de la transition énergétique : nos choix doivent être conditionnés par ce double intérêt général. Cela passe par la réduction de nos consommations et de nos émissions, dans l’industrie, le logement, les transports. La rénovation thermique des logements, le développement volontaire de modes de transports collectifs efficaces donc désirables, représentent d’importants gisements d’emplois. Les énergies renouvelables sont un autre chantier qui doit permettre la reconversion des milliers de salariés qualifiés du secteur de l’énergie, pour passer des vieilles énergies polluantes et dangereuses aux indispensables énergies d’avenir, efficaces et propres.
David Cormand, secrétaire national d’EELV,
Alexis Deck, conseiller municipal de la ville du Havre,
Laetitia Sanchez, présidente du groupe écologiste au conseil régional de Normandie.