Oui à la plateforme multimodale sur le port du Havre, mais pas n’importe où !

L’arrêté autorisant les travaux de la plateforme multimodale du Grand Port Maritime du Havre (GPMH) vient d’être signé par le Préfet Caron, juste avant son départ, alors même que l’avis de l’autorité environnementale de la Commission Européenne n’a pas été officiellement rendu.

Décidemment, depuis l’annonce de ce projet, tout se fait dans la précipitation ! Rappelons en effet qu’il a été proposé à la hâte afin de garder les financements publics prévus, dans le cadre du CPER (Contrat de Projet Etat-Région) 2007-2013, pour le grand canal. Il s’est substitué, dans un premier temps, à ce dernier, car le GPMH considérait qu’il pourrait être réalisé plus rapidement. Ainsi dès le mois de mai 2011, des associations environnementales ont découvert que d’importants travaux préparatoires à la construction d’une route avaient commencé sur le site prévu pour cette plateforme… Mais sans aucune autorisation !

Voici donc un projet de plus qui renforce encore l’artificialisation des terres de l’estuaire de la Seine, déjà très fragilisé. Faut-il le rappeler, cet estuaire est l’un des plus pollués d’Europe et la régression générale de sa biodiversité est très inquiétante. De plus, l’emplacement de cette plateforme, située à moins de 500 mètres d’une zone Natura 2000, ne va évidemment pas être sans conséquences environnementales. Plus de 100 hectares de nouvelles zones humides et autres espaces naturels  vont être détruits. A cela on nous répond souvent par la magie des fameuses mesures « compensatoires » ! C’est mal connaître la nature, ce qui est détruit l’est à tout jamais et de plus, qui dit mesures compensatoires, dit préempter une nouvelle fois sur des terres agricoles, ce n’est pas une solution durable. Nous n’avons aucune confiance dans ces mesures, d’autant plus que celles que le port du Havre a mises en place suite à la construction de Port 2000 se sont révélées insuffisantes et inefficaces.

 

A cela s’ajoute également la problématique de l’éloignement de la zone de déchargement des navires que dénoncent aussi les professionnels, en particulier les mariniers qui devront subir des coûts supplémentaires de transport pour aller jusqu’à cette plateforme. Ce projet est bien davantage guidé par des préoccupations foncières que par une volonté de développer le transport fluvial – on peut d’ailleurs noter que le GPMH n’a produit aucune étude globale et détaillée du foncier de la ZIP.

 

D’autres choix sont possibles 

Pour favoriser un développement durable et soutenable du GPMH ainsi que le transport fluvial, il faut densifier les aménagements portuaires et « construire le port sur le port ». Il serait beaucoup plus judicieux que cette plateforme soit située à proximité immédiate du canal de Tancarville, cela donnerait aux conteneurs un accès direct au transport fluvial. De plus, il existe déjà des sites entièrement artificialisés à proximité du canal de Tancarville comme l’ancien site du Millénium : l’avantage de cette solution est que l’on pourrait reconvertir un site industriel fermé, et sauvegarder un espace naturel remarquable.

Mais malheureusement pour nous et pour notre environnement, ces choix alternatifs, réalistes et économes sont souvent ignorés, sous-estimés, méprisés, au profit de grands chantiers gargantuesques, coûteux et honorifiques.

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